Plougastel. Reprise des enseignants : un maraîcher s’inquiète de perdre la totalité de sa main d’œuvre bon marché

« Non, c’est vrai, ils ne bossaient pas super bien, mais ils n’étaient pas cher » concède Raoul Dupied, maraicher spécialisé dans la cueillette des fraises. « Depuis mi-mars on reçoit beaucoup de professeur de français, de mathématiques pour ramasser les fraises de ses champs, ces derniers n’ayant rien à faire de leur journée, on a vite accepté même si cela n’a pas été le plus simple »

En effet, travailler avec des professeurs n’a pas été de tout repos pour le spécialiste de fraisiers. « Non, mais une galère. Déjà, ils ne voulaient travailler que 18h00 par semaine sous prétexte qu’il leur fallait du temps pour se préparer à la cueillette. Ensuite, ils voulaient une pause de 5 minutes toutes les heures pour changer de rang, une pause toutes les deux heure avec du café. Des vrais accros au café au passage. Mais ils sont super contradictoire, ils sont prêts à faire des réunions jusqu’à 20h00 le soir, par contre ils veulent tous leur vendredi après-midi.« 

« Le professeur de S.E.S a demandé une réunion syndicale dès la première semaine »

Il n’a pas été aisé pour Raoul de travailler avec ce personnel non spécialisé « Y’en a une, elle me reprenait dès que je faisais une faute dans le subjonctif. Un autre, qui commençait à me donner des conseils biologiques concernant la pousse des fruits et légumes, son collègue qui préparait tous les matins des engrais dans les labos et un prof de maths qui voulait qu’on calcule notre angle de productivité pour être plus efficace. Mais avec tout ça, on ne partait pas à la cueillette avant 11h00″.

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Une salle des profs bien garnie

Le plus gros souci restera les revendications salariales. « Le professeur de S.E.S a demandé une réunion syndicale dès la première semaine. Le jeudi suivant, il avait une pancarte. «Cueilleur en grève, on n’est pas aux fraises», personne n’a compris le jeu de mots en plus. »

Malgré tous ces contretemps, le cultivateur a réussi à trouver un compromis « Une fois qu’on leur avait promis une meilleure retraite, ils ont tous repris le boulot. Maintenant que je les ai un peu en poigne, ils repartent tous de leur côté. Deux mois à les maîtriser et vous me les reprenez. Je m’étais attaché en plus moi » rajoute-t-il la larme à l’œil « J’espère qu’ils viendront me voir durant les grandes vacances, je ferai du café, rien que pour eux… »

 

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