« Il est où Jonathan ? Il doit retourner au supermarché au plus vite » scande Didier, Rédacteur en chef d’un petit journal local du pays de Lannion. Depuis maintenant 3 jours, Jonathan, étudiant en journalisme à l’IUT évite son responsable de stage qui souhaite absolument lui faire écrire un 12^e article sur la pénurie de beurre. « Je suis passé par les toilettes, y compris celui des filles, par le placard à balai, mais il va bien finir par me retrouver le bougre. »

« La dernière fois j’ai photographié de la margarine par erreur, j’ai dû retourner au supermarché »

Le cas de Jonathan ne serait pas isolé, de nombreux stagiaires ont en ce moment pour mission d’enquêter sur la pénurie de beurre : « Je reçois des textos de potes de promo qui sont en Burn-out. On leur demande sans cesse de prendre en photo des rayons vides et d’interroger les clients mécontents. Moi la dernière fois, j’ai photographier de la margarine par erreur, j’ai dû retourner au supermarché. »

Pourquoi un tel engouement pour ce sujet ? L’étudiant en journalisme aurait la réponse : « Je pense que le mot pénurie est à la mode. Ça crée la tension, donc la peur, donc la pénurie. C’est un sujet qui s’autonourrit perpétuellement. S’il y a un manque, on en parle, et on transforme le manque en pénurie. On avait fait pareil avec la pénurie d’essence. Les consommateurs n’ont jamais aucun consommé d’essence que cette année sur la même période, parce qu’on prenait des photos de gens qui prennent de l’essence. Mais là comme les journalistes en ont marre du beurre, bah ils envoient les Stag….HA NON PATRON, PAS ENCORE. NAAAAAAN NE M’OBLIGEZ PAS À INTERVIEWER DE NOUVEAU LA BOULANGÈRE MAL FRINGUÉE QUI SENT PAS BON DE LA BOUCHE, PITIÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ »

Jonathan a été retrouvé in extremis par son tuteur de stage. Après avoir lancé le mot « pénurie » , il aurait, sans s’en rendre compte, déclenché le détecteur à buzz de la rédaction.