Céline Durand est pigiste pour actu.fr, la filiale lowcost du quotidien Ouest-France. Le 20 septembre dernier elle devait effectuer un reportage pour l’inauguration de la Ligne B du métro de Rennes, mais sa rédaction n’avait pas donné de limite de temps à celui-ci « On m’a envoyé un texto à 23h00 le 19 septembre au soir m’affirmant que je devais assurer l’inauguration du métro et interviewer un maximum de passagers et au moins deux chauffeurs de métro. Pour les passagers, ça été rapide, mais pour les chauffeurs, ça été plus compliqué. Au bout de deux jours sans rien manger, j’ai contacté mon responsable et demander si je me contenter des gens contents de prendre le métro, mais il m’a demandé de re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-prendre une photo de la Rame et des gens qui applaudissent à chaque station. C’était une horreur. Pourquoi applaudir à chaque station ? CHA-QUE station bon sang!« 

« Au bout de 3 heures, les gens tiraient la gueule comme sur la ligne A un lundi matin »

Céline a été récupérée épuisée par le Samu social de la ville de Rennes. « Au début, on a cru que c’était une simple SDF ou une prof de lettres classiques au lycée Bréquigny » indique Georges, bénévole  « Mais quand on a vu sa carte de presse d’Actu.fr on a lancé le plan d’urgence. Elle était mal au point et récitait les stations en boucle façon voix SNCF. On ramasse de nombreux pigistes de cette filiale, certains tentent pour survivre de vendre des articles des publireportages pour des machines à coudre place Sainte Anne, mais ils sont régulièrement chassés par les CRS. Leur précarité est un problème, souvent à l’affut du Buzz. Certaines se prostituent et finissent en putaclic, la descente est très dure. Beaucoup abandonnent, mais passionnés par le métier, ils se reconvertissent et continuent à pratiquer le journalisme en loisirs le dimanche, lors des rentrées scolaires des écoles primaires ou des premiers tours de Coupe de France entre Thorigné et Iffendic. Une manière de se désintoxiquer en douceur… »

Pour Céline, l’aventure s’arrête là. Hospitalisée, ou presque « Mon Rédacteur chef m’a demandé un reportage sur les patients qui n’ont pas de mutuelle, ça tombe bien, j’ai cessé de payer la mienne en mai dernier faute de revenus. Ce sera l’occasion de gagner 39 euros brut, facile ».

Sources détournement image : pxhere.com et Rennes métropole.