Rennes. Ceux qui ne vont jamais dans les salles de sport attendent leur réouverture avec impatience pour enfin ne pas y retourner

En janvier 2020, Ludovic était bien décidé à prendre soin de son corps afin de pouvoir garder une santé de fer et augmenter son potentiel séduction. « J’étais tellement déterminé que je me suis promis d’y aller au moins 3 fois par semaine à l’époque. Et puis il y a eu un enchainement de circonstances qui ont fait que je n’ai pas pu m’y rendre aussi souvent que je voulais« . En effet, le jeune breton de 26 ans qui venait de souscrire au pack « FOREVER MUSCOLERETTE 2345 » n’a pas toujours su trouver le temps d’affiner ses pectoraux et fessiers. « Une fois un lundi, je devais y aller, mais il s’est mis à pleuvoir. Comme j’ai lu une étude qui disait qu’il était mauvais de faire du sport avec les cheveux mouillés, j’ai préféré éviter, et ce malgré ma calvitie. On ne sait jamais ».

« Une suite de circonstances plus atténuantes les unes que les autres…»

Pendant 2 mois, Ludovic étudiant en première année de psychologie, après avoir redoublé 4 fois sa L1 suite à plusieurs retards de métro durant les partiels NDLR, n’a pas su trouver le temps de retourner dans cette salle de sport. « Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai voulu y aller, là tout de suite, mais non, ça ne voulait pas : la table du salon à raboter, le lavabo qui fuyait, mon portable à charger, le soleil qui se couche. Une suite de circonstances plus atténuantes les unes que les autres. Une fois j’étais devant la porte de chez moi, pas de chance, on était dimanche. Et dire que j’ai découvert, une fois par hasard en allant chercher mon kebab, que la salle était même ouverte le dimanche. Quel dommage« .

Ludovic, sur sa photo jamais collée de la carte de la salle de sport (pas de colle sur lui…)

Puis le confinement a cassé ce désir et cette motivation tant ancrée chez Ludovic. Mais quand le gouvernement a annoncé vouloir rouvrir les salles de sport le 9 juin prochain, Ludovic s’est de nouveau senti pousser des ailes de chaussure Nike. « J’ai préparé mon petit carnet d’excuses et trouvé une diversion pour chaque journée. J’estime que c’est mon droit constitutionnel de ne pas aller faire du sport, alors quoi de plus libertaire que de ne pas l’utiliser.« 

Ludovic est l’exemple même du type motivé par ses propres contradictions du quotidien, et cette philosophie, ce citoyen décide de l’appliquer à tous les moments de sa vie : « Je dois vous laisser, j’ai perdu ma carte électorale pour les départementales et les régionales, il faut absolument que je la trouve avant de m’abstenir d’aller voter en juin prochain« .