TÉMOIGNAGE. Montparnasse. Ces voyageurs ont passé 35 ans dans le TGV Saint-Malo – Paris
Ces petits inconvénients des vacances sont assez récurrents depuis quelques années. Gustave, 72 ans, nous racontent sa dernière mésaventure avec la SNCF : « Je prenais le TGV pour la première fois, je devais rejoindre ma fille. On a eu une petite accumulation de malchances. Cela a commencé par une petite défaillance technique, une alerte à la bombe, un bagage oublié, le plan Vigipirate renforcé, une intoxication alimentaire avec un sandwich au thon mayonnaise acheté 70 francs dans le wagon-bar, 156 mouvements de grève, 45 arrêts à cause de la neige, 789 incidents de personnes, un coup d’État manqué au Tchad, la coupe du Monde de 1998, le bug de l’an 2000, le 11 septembre 2001, le coup de boule de Zidane en 2006, une femme qui accouche dans le wagon fumeurs, l’interdiction de fumer dans les trains, la révolte des Khmers rouges, la chanson de Scatman, l’annonce erronée du décès de Chirac, le malaise du chauffeur qu’il a fallu remplacer, un conflit avec un voyageur qui n’avait pas son billet de train, l’affaire DSK et l’affaire Weinstein, le divorce de Sarkozy et le plus compliqué à gérer : la fin de la Tecktonic et le dernier accident électrique de Vanves.«

Malgré tout Gustave prend ce léger contretemps avec philosophie : « Le chef de train avait pris la précaution de ne jamais annoncer d’heure d’arrivée et il a bien fait. Je ne suis pas aigri, ce genre de petits problèmes peu arriver à n’importe qui, il ne faut pas chercher la mule à la SNCF qui fait un excellent travail soit dit en passant. En 35 ans, on n’a pas manqué un seul repas et les pâtes lyophilisées du midi n’étaient pas si mauvaises.’
« Pas mécontent de rentrer enfin chez moi et de dormir à l’horizontale enfin dans un lit »
‘Ils nous ont promis un remboursement de notre billet et un voyage gratuit pour toute notre famille. Ce qui est juste dommage c’est qu’entre temps ma femme a refait sa vie et mes enfants m’ont totalement oublié. Je n’ai cependant pas perdu mon emploi à RATP, ils ont l’habitude de ce type de retard et la direction trouvée très compréhensive. J’ai retrouvé rapidement mon poste de poinçonneur des Lilas. Par contre, maintenant je reste toujours à l’entrée du métro. En 35 ans, le métier a bien changé quand même. Scanner les Pass Navigo est moins enivrant que faire des petits trous. Mais je ne suis pas mécontent de rentrer enfin chez moi et de dormir à l’horizontale enfin dans un lit ! Je découvre peu à peu les nouvelles du coin, grâce à mon Bi-Bop, je connais tout de l’affaire Benalla« .
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