Pénurie de café : Les enseignants du collège Paul Langevin d’Evron utilisent leur droit de retrait

« C’est une honte, nous ne pouvons travailler dans ces conditions » affirme Cerisier Bienmajor, professeur de lettres au collège d’Evron. « Sans mes 756 grammes de caféine horaire, je ne peux assurer mes cours sereinement. Vous ne savez pas ce que c’est vous de gérer 25 mômes de 4ème qui pensent qu’une didascalie est une maladie du dos ».
Petit rappel des faits. Lundi matin les premiers professeurs arrivent pour photocopier leurs précieux documents. Martine est la première sur le front et nous explique ce qui s’est réellement passé : « J’aime bien arriver la première, je lance mes photocopies et prépare le kawa en même temps. L’odeur du café est si agréable dans mes narines, je prends le filtre dans mes mains et le touche délicatement avec mon index. Sa texture est si rassurante. La première tasse du matin est un vrai réconfort. Avec celle-ci, je me sens d’attaque. C’est d’ailleurs dans ces moments là que je propose un devoir surprise à la 3B dans la demi-heure qui suit. Mais ce matin là, je m’en rappellerai toujours. La cafetière ne marchait plus! »

Le modèle incriminé
 « Mais moi je pensais que c’était la fin de la cafetière, pas le début »
La salle des professeurs se remplit, les enseignants restent d’abord incrédules, pensant à une blague de mauvais goût. Mais le dernier enseignant capable de ce genre de bêtises est parti depuis bien longtemps. Ils restent figés face à la cafetière, espérant que celle-ci fasse un petit bruit rauque ressemblant à un gargarisme : « J’ai cru qu’elle remarchait à un moment, mais c’est le ventre de mon collègue de mathématiques qui gargouillait. Je n’ai jamais été autant stressé de ma vie, même durant les épreuves de l’Agrégation je fus plus zen. »
« Du café, ou je vous préviens, je fais un cours de Caté »
Vers 10h10 l’ensemble de la communauté pédagogique est présente, même ceux qui ont leur lundi sont venus assister à la scène : « Les copies attendront, non là, c’est trop tendu » avoue Pierre-Gilles, jeune professeur d’Histoire-Géographie aux longs cheveux blonds. Les assistants d’éducation s’agacent de devoir enchaîner les heures de permanences pour calmer les élèves. La tension monte et vers 10h45, fausse joie, la cafetière remarche pendant 12 malheureuses petites secondes. Un enseignant arrivé en retard à cause de son T.E.R tente naïvement de prendre le précieux liquide encore récent :  « Mais moi je pensais que c’était la fin de la cafetière, pas le début« . Il fut plaqué au sol par son collègue de physique-chimie. L’affaire se serait réglée entre les deux profs par une bise de réconciliation.
D’après les médecins, un prof ne peut être sevré en moins de 15 jours en ce qui concerne le café. Le proviseur de la cité scolaire a commandé une nouvelle machine mais demande qu’en attendant les enseignants reprennent le travail. Les professeurs estiment quant à eux que leur droit de retrait est légitime et refusent même l’utilisation de café soluble. La solution pourrait venir de l’autre côté de la cour, des professeurs du lycée Raoul Vadepied plus exactement : « On leur propose d’utiliser la cafetière Senseo dans notre salle des profs. Mais attention, faudra ramener ses dosettes. On veut bien être sympa mais bon…«