Laval. Ivre, le barman de l’Oregan’s décide d’installer un ascenseur pour aller du sol au Rez-de-chaussée
« Ha bah j’en ai vu des dépenses inutiles dans un bar, mais celle-là je crois qu’elle dépasse toutes les espérances de connerie. Je n’ai pas vu truc si inutile depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en 2024 » soupire encore Vincent Poirier, patron du bar de l’Oregan’s dans la rue du Pont de Mayenne. Encore aujourd’hui, les clients restent dubitatifs face à cette structure placée entre le jeu de fléchettes et les toilettes du pub irlandais. « C’était déjà difficile pour les clients de pouvoir jouer avec le recul entre trois pauses pipi, mais là faire un 301 en moins de deux heures sera mission impossible » témoigne Matthieu Guidon, client au look de rappeur des années 90 qui préfère le Hell Fest au rappeur 2PAC.

Des questions de sécurité se posent également puisqu’environ trois personnes seraient décédées en allant se soulager aux toilettes en décembre 2022 lors de la coupe de Monde de football, heurtées par une fléchette dans l’omoplate du milieu du thorax, témoigne Harley filsdedavid, barmaid dans l’établissement. Information totalement démentie par Emily Sisterinlow. Cette dernière précise que les clients ont juste péri d’une mort subite après avoir commandé une pinte de Paulaner à 00h31, soit une minute après la fin des consommations et l’ouverture des lumières qui t’éclate les yeux comme un doux réveil le lundi matin.
Mais pourquoi un tel ouvrage en plein milieu de ce débit de boissons ? D’après des sources concordantes, Stéphane Poirier après plus de 15 années de bons et loyaux services en tant que serveur a décidé de se reconvertir en technicien d’ascenseur. « C’est en écoutant le parcours d’Emmanuel Macron que je me suis dit que si je voulais réussir, je devais soit traverser la rue, soit prendre l’ascenseur social. Le souci est que si je traverse la rue, je me retrouve dans le bar d’en face. Il serait dommage de finir sa carrière dans la fosse d’en face, alors j’ai choisi les ascenseurs. »
Stéphane a réussi un pari fou et extrême, tenir un bar tout en étant respectivement le frère et le beau-frère du patron et de la patronne, un pari risqué pour la vie de famille avec son lot de désavantage. « Il me faisait garder mes neveux et les clients en même temps. Cela m’a valu quelques bourdes notamment quand j’ai mis du lait maternel dans l’irish coffee d’un client en le confondant avec le whisky. Qu’est-ce qu’on s’est marré, enfin… Jusqu’au moment où ma belle-sœur s’en rende dans quel contenant avec été inversé le whisky. D’ailleurs, assez ironique qu’un breuvage de 12 ans d’âge termine dans un contenant humain 6 fois plus jeune ».
« Pour moi, RDC, ça signifiait République démocratique du Congo »
Cette lubie pour les élévateurs ne serait pas récente d’après les proches de Stéphane. Passionné depuis l’installation d’un élévateur pour PMR dans le bar, il s’amusait à monter et descendre les centimètres pendant deux heures avant l’ouverture du pub. « Cela me rappelait l’évolution du PIB de la Lettonie, jamais bien bas, jamais bien haut. C’est d’ailleurs grâce à ce monte-charge que j’ai rencontré l’amour de ma vie. Qui m’a fait la même réflexion un matin : jamais bien bas, jamais bien haut. Encore aujourd’hui, je me demande ce qu’elle tentait d’évoquer… ».
Est-ce également sa passion pour le basket qui le poussa vers les ascenseurs ? Le serveur ne tarit pas d’éloges pour ce sport. « C’est génial parce qu’on lance un ballon et il redescend tout seul. Alors que le foot, vous êtes obligés d’aller demander au gardien d’en face d’aller le chercher s’il a oublié de l’arrêter. Tout le monde me dit que ce serait dû à la gravité, je ne savais pas que c’était un sujet si tabou… ».
Encore en cours de formation, Stéphane avoue apprendre encore beaucoup sur les ascenseurs. Notamment que l’objet ne montait pas « un système d’aimant puissant tout en haut et tout en bas du machin », que « la glace utilisée ne servait pas à se percer les boutons le matin en allant au boulot, mais à gérer la peur des espaces exigus » et que RDC ne signifiait pas République démocratique du Congo mais Rez-de-chaussée et enfin, non pas des moindres, que Rez-de-chaussée ne s’écrit pas « Raie-déchaussée ».
Malgré cette installation coûteuse et inutile, le départ de Stéphane Poirier n’est pas sans laisser un petit pincement dans le cœur de tous les clients. Celui qui décide de se reconvertir pour moderniser le parc d’ascenseurs le plus obsolète d’Europe, aussi vieux que les toilettes de la salle polyvalente de Laval et la politique d’Olivier Richefou réunies, laissera un vide aussi grand que le goal-average du début de saison du Stade Lavallois 2025-2026.
Un client se rassure néanmoins et sait qu’il sera heureux de le retrouver plus souvent devant le comptoir que derrière ; tout en s’étonnant de voir à quoi ressemblent ses jambes pour la première fois en 10 ans puisque cachées par ledit comptoir tout ce temps. Cependant, l’orientation professionnelle de Stéphane Poirier n’est pas sans rapport avec son ancien métier de serveur. « Pas étonné qu’il bosse dans les ascenseurs maintenant. » raconte un client mayenno-normand du Bourny « Après tout un serveur comme Stéphane, c’est le barman qu’on est content de croiser quand on vient de boire un coup quand on a des hauts et des bas. Et quand on repart après lui avoir parlé, on ne sait jamais pourquoi, on repart toujours un peu plus avec le sourire et voit les choses avec de la hauteur ».
