Fan des années 80, elle s’installe dans le Nord-Mayenne pour vivre sa passion jusqu’au bout
Karine aime Cindy Lauper, le Minitel et les Renault 5, elle aurait aimé en faire son quotidien, mais la vie à Paris était trop moderne et trop bien-pensante à son goût « Moi ce que j’aimais à Paris c’est le bruit des voitures polluantes, des mobylettes et les gens qui répétaient les blagues de Bigard dans le métro. Mais depuis 2002, tout a perdu de son charme. Avant on pouvait se faire traiter de raciste et dire qu’on avait un ami qui prenait la ligne 13 et ça passait crème, maintenant, il faut carrément admettre que ce qu’on vient de dire est raciste. »
Alors Karine n’a pas hésité, un jour où elle se dirigeait sur Rennes via la Nationale 12, elle a dû s’arrêter à Pré-en-Pail et se fut carrément le coup de foudre. « Ouais, y’avait un orage ce jour-là, du coup j’ai dû m’arrêter, pas le choix, la galère… ». Sa première rencontre se fit dans un troquet d’anti-vaxx, « Le patron n’était pas vacciné contre le covid et il ne m’a même pas demandé de passe sanitaire avec son téléphone. Par contre 5 mecs me sont tombés dessus pour me demander mon téléphone. J’avoue que ça ne m’a pas changé de la capitale sur ce point.
« Ici pas besoin d’attendre un match retour contre Barcelone pour se taper un 6-1 »
La Parisienne a donc décidé de s’installer à Saint-Cyr-en-Pail en plein mois de novembre. J’avais ce besoin d’authenticité, voir la même église tous les jours, la même boulangère et surtout la même équipe de foot jouant dans le stade avec des publicités délavées pour le Crédit Agricole local. Cette 3e mi-temps à la Kronenbourg est exceptionnelle, et ici pas besoin d’attendre un match retour contre Barcelone pour se taper un 6-1, suffit d’attendre un dimanche de lendemain de cuite. Bon après y’a carrément des mecs qui ne vivent vraiment pas avec leur temps dans cette ville. Côté mode en ce moment c’est la coupe mulet, ha ça Monique elle cartonne dans son salon laxa’tif.
Seul bémol, Karine est homosexuelle et elle a peur de ne pas trouver l’amour dans cette bourgade. « Les mecs ont les mêmes coupes que depuis les années 70, c’est pour ça que Monique la coiffeuse de chez Laxa’tif déprime un peu. Ça fait 40 ans qu’elle leur propose les mêmes coupes et ils ne veulent pas. C’est une mise en abyme dans le temps cette ville».